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photo représentant de la biologie
Séminaire

Séminaire Philbio

Nous aurons le plaisir d'écouter  Mathilde Lequin sur le thème :

"Fossiles, méthodes et théories dans la paléoanthropologie : peut-on échapper à la sous-détermination et si oui, comment ? "

Les débats philosophiques sur la sous-détermination dans les paléosciences sont généralement fondés sur la limitation des données paléontologiques, jugées insuffisantes pour trancher entre des interprétations concurrentes d'un même spécimen fossile (Turner 2005). La notion de « pénurie épistémique » (Currie 2021) souligne au contraire la capacité des paléontologues à exploiter toutes les ressources et les stratégies possibles pour générer de nouvelles données. Pourtant, si le rôle des méthodes semble crucial, le rôle de la théorie dans le cadre interprétatif des paléosciences reste à clarifier.

Dans cet exposé, je prendrai l’exemple de la connaissance du développement dans l’évolution humaine pour analyser les difficultés inhérentes aux limitations du registre fossile et les stratégies employées pour les surmonter. Les avancées techniques permettant de retracer des étapes-clés de l’histoire de vie à partir, par exemple, d’une dent néandertalienne, sont spectaculaires. Toutefois, les implications théoriques de la connaissance du développement dans l’évolution humaine doivent également être considérées.

Je m’intéresserai en particulier à l’intérêt récemment porté par certains paléoanthropologues à la Synthèse évolutionnaire étendue (Kissel et Fuentes 2021 ; Stock et al. 2023), permettant de faire émerger plusieurs explications possibles pour les changements morphologiques observés à travers le registre fossile. Malgré la difficulté de tester ces hypothèses alternatives à l'aide des données paléontologiques, qui semble nous renvoyer à une indépassable sous-détermination, je mettrai en évidence les bénéfices apportés par l'intégration de la théorie biologique dans les interprétations paléoanthropologiques.