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Séminaire
Séminaire PhilSci
Nous aurons le plaisir d'écouter Solange Haas (IHPST, CNRS Montpellier), dont l'exposé est intitulé :
"Natures et incertitudes des prédictions en écologie scientifique"
Résumé :
Dans le contexte de la perte drastique de la biodiversité (Ehrenfeld 1981), la pression sociale pour une science de l’écologie plus prédictive s’est renforcée (Houlahan 2017). Or, l’écologie scientifique est une discipline d’études de cas, peu propice à la généralisation et aux prédictions quantitatives (Shrader-Frechette 1993). Comment alors prendre une décision en situation d’ignorance ? Quels obstacles présentent les incertitudes scientifiques et comment les transmettre pour éviter les pièges des marchands de doute (Oreskes 2010) ?
J’apporterai des arguments en faveur d’une clarification des distinctions entre projection (prédiction à long terme, scénarios) et prévision (à court terme), ainsi qu’entre prédictions anticipatives et corroboratives (Maris 2018). Je soulignerai en particulier l’importance de la notion du temps dans ces distinctions, ainsi que du lien entre écologie et prédictions corroboatives d’un côté et biologie de la conservation et prédictions anticipatives de l’autre (Soulé 1985). La supériorité des prédictions quantitatives sur les prédictions mécanistes (et leur lien avec les méthodes par données massives) sera également interrogée (Elliott-Graves 2020, Leonelli 2016). Enfin, je terminerai par une réflexion plus large sur ce que dit notre désir de prédictions de notre rapport à la nature. Je soutiendrai notamment qu’une course aux prédictions quantitatives participe de la disponibilité du monde (Rosa 2018) et que l’incertitude peut parfois être l’espace d’une libre imagination salutaire (Maris 2018).