Steps to a Theory of Biological Agency
Matteo Mossio
Projet : Steps to a Theory of Biological Agency : Integrating Evolutionary and Organizational Perspectives
Du 01/10/2021 au 30/09/2024
Responsables du programme : Matteo Mossio (IHPST, CNRS/Paris 1) et Denis Walsh (IHPST, University of Toronto)
Doctorants impliqués : Louis Virenque (IHPST Paris), Auguste Nahas (IHPST Toronto)
Axe : Biologie, médecine, écologie
Description : Ce projet étudie la pertinence du concept d’agentivité dans la biologie contemporaine, d’un point de vue philosophique et théorique. Aujourd'hui, l’agentivité biologique reste une notion controversée, notamment en raison de la dimension téléologique qu'elle implique. Pourtant, il est de plus en plus reconnu qu’elle constitue un outil explicatif indispensable dans plusieurs domaines de la biologie, au sein desquels une explication adéquate des phénomènes biologiques nécessite de concevoir les organismes comme des agents, c'est-à-dire des systèmes naturels qui poursuivent leurs propres objectifs, jouent un rôle actif dans la régulation de leur propre développement, et façonnent leur propre environnement. En particulier, l’agentivité biologique a été un sujet d'intérêt convergent pour les chercheurs travaillant dans deux domaines d'étude. Le premier est la biologie de l’évolution, où les philosophes et les biologistes ont attiré l'attention sur les limites de la Synthèse Moderne. Bien que la Synthèse Moderne ait connu un immense succès à de nombreux égards, beaucoup considèrent aujourd'hui qu'elle est insuffisante pour expliquer les nouvelles découvertes empiriques dans ce domaine, telles que l’hérédité épigénétique, la construction de niche et l'interface entre évolution, développement et écologie (« éco-évo-devo »). Ce qui semble manquer, à chaque fois, c'est le rôle actif de l'organisme. C’est pourquoi nombreux sont ceux qui réclament aujourd'hui une révision ou une extension de cette synthèse, de sorte à placer au premier plan l’organisme biologique en tant qu'agent. Le deuxième domaine est généralement appelé la théorie de l'autonomie biologique, qui a étudié les principes organisationnels distinctifs qui sous-tendent les capacités d'auto-maintien, d'autonomie et d’adaptivité des organismes. Le cadre développé par la théorie de l'autonomie fournit des outils clés pour une compréhension naturalisée des organismes biologiques en tant qu'agents, ainsi que de leur dimension téléologique.
L'objectif principal de ce projet est de contribuer à une meilleure intégration des approches évolutionnistes et organisationnelles, afin de mieux comprendre l’agentivité biologique, au croisement des échelles individuelle, populationnelle et historique. Plus spécifiquement, le projet vise à obtenir une compréhension originale des relations complexes que l’agentivité entretient avec l’organisation biologique et l’évolution. En première approximation, ces relations peuvent être décrites ainsi : l’organisation fournit le fondement naturel de l’agentivité téléologique, qui, à son tour, contribue à la stabilité de l'organisation ; en même temps, l’agentivité module les processus évolutifs, qui à leur tour conduisent à un changement à la fois de l'organisation et de l’agentivité au cours du temps ; aussi, l’organisation impose des contraintes sur les régimes stables qui peuvent résulter des processus évolutifs, tout en générant la variation sur laquelle la sélection peut agir. Démêler ces relations complexes, qui apparaissent dès lors que l'agentivité est adoptée comme outil explicatif, est l'objectif principal du projet.